lundi 21 février 2011

Village oublier de Ich

Trois pierres immense sorti de terre

Sur la route de Ich un petit village au sud est marocain  un bled éternellement oublié. D’une origine méconnu qui remonte à la nuit des temps, ce minuscule ksar semble défier les temps et résister malgré tout. Depuis 1976, il est pris entre les mâchoires de l’étau algéro-marocain.
cet arbre seul sur un rocher, ma interpeler sur la route en direction de Ich


Palmeraie

Ich est un petit aghrem ou ksar situé au sud-est du Maroc, pour si rendre nous avons pris la route a partir de la ville de Bouarfa qui relie Figuig.

Ich petite Oasis
Autrefois, il se situait tout près de la grande route qui relie l’actuel nord algérien à son sud. Il se trouvait tout près de la ville de Aïn Sefra et du ksar Tnat. Il était également tout près de Figuig(60 km) par rapport à la route ancienne. Suite au tracé des frontières et aux événements de la deuxième moitié du vingtième siècle, ce village est non seulement coupé du monde mais même bouclé.
Les montagnes avant Ich


.Le toponyme « Ich » est un nom amazighe qui signifie « corne ». Son pluriel est « Achawen ». Il est appelé ainsi en raison de la montagne qui s’y trouve et qui porte ce nom vu sa forme qui fait penser à une corne d’animal. Ses habitants sont dits At Yich ou Way Ich



Gravure rupestre de scène d'élevage et chasse
Une histoire aux débuts méconnus

Depuis les débuts des temps, ce village existe, en effet on y trouve encore des gravures rupestres qui remontent à des époques de la chasse, de l’élevage… De nombreux indices lithiques et une infinité de tumuli s’y trouvent.
 On ne sait pas grand chose sur les débuts de la vie à Ich tellement son histoire est profonde et aucune recherche scientifique digne de ce nom n’y a été menée.
Les Turcs n’ont pas occupé ce territoire et les vagues des Hilaliens qui venaient via la Tunisie, à l’époque fatimide frôlaient cette terre qui a beaucoup souffert à cause des tribus arabes de Beni Hilal et Beni Salim qui organisaient des razzias lors de sécheresses et de disettes. Ces tribus pillaient des récoltes et des troupeaux des gens de Ich et semaient un désordre et une peur dans la région. Les français sont arrivés ici vers 1860 ou même un peu avant.
Après le départ des français et l’indépendance du Maroc et de l’Algérie, ce village a payé très cher le conflit entre ces deux pays. En 1963, il était occupé par l’Algérie puis récupéré par le Maroc. Vers les années 1972 il a été hyper contrôlé. Vers 1976 il a été fermé et plusieurs de ses territoires ou tout son espace vital amputé et depuis cette année aucune lueur d’espoir ne se voit à l’horizon surtout que les relations algéro-marocaines sont des pires qui soient.

La vie à Ich.

Les gens de Ich travaillent la terre et élèvent des troupeaux : ils mènent une vie agropastorale. Les hommes travaillent les jardins et le troupeau et les femmes la laine.
Avant, ils vivaient aussi d’un commerce et profitaient de la situation de leur village tout près de la route qui reliait le nord algérien au Grand Sud.
Ils profitaient aussi d’un commerce avec Aïn Sefra, Tyiwt, Tnant, Megrar-d’en-Haut, Megrar-d’en-Bas, Bousemghoun, Figuig, Mzab… Aujourd’hui, tous ces chemins sont fermés bouclés.
Depuis 1976, ce village s’est considérablement rétréci et les At Ich ont perdu la plupart de leurs terres et de leurs palmeraies et tout leur espace vital. Le pays est déchiré entre le Maroc et l’Algérie.
Plus encore, les habitants de ce modeste ksar sont situés entre deux armées qui ne s’entendent jamais.
Pour accéder au village, on doit passer par un poste militaire marocain, y déposer sa carte d’identité et justifier sa venue. Après ce village, on voit le poste de l’armée algérienne. Aujourd’hui, les populations qui y restent, soit une quarantaines de familles, survivent aussi et surtout grâce à l’apport des émigrés.

Aucun service n’existe à Ich. Pour tout papier, il faut aller jusqu’à Bouarfa (150 km) et en cas d’urgence, il n’y a aucun véhicule pour l’évacuation. Il s’agit d’une population vraiment abandonnée par le Maroc. Paradoxalement, Abbou Lakhal qui compte zéro habitant est très bien équipé et même doté de tout : administrations, cimetières, souk, véhicule pour le transport des fonctionnaires… Aujourd’hui, la société civile et des ONG internationales s’intéressent un peu à ce maudit coin.

Les habitants de Ich sont berbères, ils parlent le même parler que celui de Figuig, Boussemghoun, Tnant, Tyiwt… Les nombreux problèmes frontaliers entre le Maroc et l’Algérie ont eu des conséquences fatales sur ce village dont personne n’ose parler. Les gens de Ich ont massivement émigré en France surtout mais on les trouve aussi dans les grandes villes marocaines : Oujda, Casa…

 Le ksar de Ich

Aghrem ou le ksar de Ich est construit de la même façon que les ksour de Figuig avec des matériaux extraits sur place. Les maisons sont soudées entre elles et elles sont construites en terre, mœllon, bois de palmier, de genévrier de laurier rose… Il a une djemaa située au centre et c’est un lieu de réunion et de culte avec sa mosquée. Une petite école primaire de trois classes permet aux enfants de ce patelin d’apprendre à lire et à écrire. Le ksar est géré par le « moqadem » (le chef de village) mais l’armée supervise tout.





Les gens de Ich souffrent énormément de la situation où ils se trouvent : privés de leurs terres, oubliés par le Maroc, non désirés par l’Algérie, situés dans un coin à l’abri de la presse nationale et internationale… Un sentiment d’abandon par le pays s’empare des esprits et ils trouvent beaucoup plus de problèmes avec les autorités ou l’armée marocaine qu’avec l’armée algérienne. En effet pour éviter tout problème, l’armée marocaine organise une sorte de blocus sur ce village interdisant l’accès à cette terre pour toute personne n’y résidant pas et le pire est qu’il s’agit bien d’une armée qui a le nez partout.
Les déplacements des gens sont trop contrôlés et on leur interdit d’accéder au peu de terres qui leur restent ce que ne fait pas l’armée algérienne. L’armée marocaine est omniprésente et se trouve justement à l’entrée du ksar : au portail. Un touriste ou un non résidant c’est forcement et tout simplement un espion.


Un village à visiter

 Ich reste malgré tout un village qui mérite bien d’être visité. Il est riche en surprises. Ses atouts sont sa nature, ses hommes privés de tout mais d’une extrême générosité et d’une extrême bonté, sa flore, son histoire.

Sa nature est aussi riche que variée : montagnes, dunes, rivières, bergers et tant de surprises au rendez-vous de toute personne osant rompre l’isolement de ce peuple.






1 commentaire:

  1. Merci pour avoir pensé à ce petit coin du bout du monde comme l'appelle la plupart de ces visiteurs, très bonne initiative, c'est d'ailleurs à ce genre spot sur ce bled que beaucoup ont découvert sa beauté,
    Abdellatif

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